FEVRIER 2007 : Ecole buissonnière pour la route du retour...

lundi 26 février 2007.
 


Zone de turbulences ...que celle du retour ! Riche en kilomètres et en émotions ! « Ce qui a de bien dans le voyage, c’est l‘étonnement du retour... », Sans être en accord avec l’aspect trop exclusif pour nous de la citation de Stendhal, il est vrai que l’étonnement du retour est...intéressant ! Etonnant d’être ...si peu étonnés ! Mais avant de vous parler de notre contact avec le bitume parisien, nous allons évoquer pour vous les jours qui l’ont précédé.

Au revoir les Marquises !

Les derniers jours se passent dans un « mini tourbillon »-tout est relatif !- pour dire au revoir aux personnes rencontrées ici, passer le diaporama préparé pour Ciné-Marquises à l’école où sont nos enfants et où le projet « Globe conteurs » a été réalisé, et, enfin, à la demande du frère Omer, à une classe de l’école privée. Puis, c’est le départ avec de bonnes conditions pour celui-ci... : la veille au soir, Antoine et Sandrine qui rentrent juste des Tuamotu nous préparent une dînette d’adieu fort sympathique ! La route pour Terre Déserte étant en réfection, il nous faudra 3 heures dans le 4X4 de Jocelyne pour parvenir à l’aéroport... L’occasion de voir, une dernière fois les routes et falaises marquisiennes, les animaux en liberté, la palette incroyable des verts ... Nos sentiments sont mitigés au moment de quitter cette île... Sans conteste nous y aurons vécu les moments les plus difficiles de notre voyage et, mais cela est bien évidemment lié, c’est là que nous aurons sans doute le plus appris (progressé ????...) sur nous-mêmes... Imprévus et derniers petits cadeaux : Quelques jours de Lagon et escapade à l’île de Pâques ..

Le fait de prendre un billet « Tour du monde » est, nous l’avons dit une solution simple et économique. La contrainte inhérente à ce type de billet est que les étapes sont fixées par avance. Cela coupe court à un des intérêts du voyage qui est celui de se laisser porter au gré des envies et des rencontres...Cela ne touche -heureusement - que le choix des principales destinations ! Sauf à acheter des billets supplémentaires... C’est ce que nous décidons de faire pour nous offrir quatre jours de lagon et...(Ah ! le pouvoir attractif des mythes... !) un détour pour aller saluer les Moaïs de l’Ile de Pâques. Disons le, ces petits cadeaux de dernière minute ne sont vraiment pas « raisonnables « en regard de notre budget mais la proximité du retour...nous incite à « lâcher » la Raison des caisses...et on ne le regrettera pas !

Donc le lagon ou la Polynésie des clichés...Nous nous sommes laissés tentés par les Tuamoutou afin d’avoir « faits » (Oh, qu’il est laid ce terme de « petit »tourisme...)...tous les types d’îles du coin : atolls, lagons, îles hautes...L’arrivée en avion au-dessus de ces anneaux de terre resteront des images gravées dans nos têtes. On se la « coule douce » sur ce petit morceau de barrière de corail, perdu dans l’océan : bungalow sur la plage, petite pension familiale, balade en vélo, une escapade touristique sur le Motu aux oiseaux...Magnifique.. Ah la « Natuuuuure » - grande révélation de ce périple, surtout pour Véro ! L’excursion, tout organisée, nous emmène aussi sur l’Ile d’Eden.

Une véritable secte...regroupant pas mal d’asiatiques...qui vivent an quasi autosuffisance ! Certes un coté « Edenesque », mais ...cela reste une secte !!! Baignade avec les requins...Si !Si ! En fait, nous n’avons pas trop le choix : il y en a partout et être dans un lagon sans se baigner nous semble incohérent et surtout, tout le monde nous affirme la non dangerosité de ces petites bêtes ! Alors, Plouf !!

Pour les quelques jours qui suivent, escapade à l’Ile de Pâques... Grand merci à Jean-François car nous avons réellement beaucoup aimé ce séjour... L’endroit est tranquille, bon enfant, avec le coté bien charmeur d’une ambiance Amérique du Sud- nous sommes au Chili- ne l’oublions pas ! Nous y ferons du tourisme classique- reposant ! Là aussi, le paysage est rude, les lagons polynésiens sont loin..., la terre aride -rien n’y pousse -Nous sommes loin de tout- c’est l’île la plus éloignée de toute terre habitée ! Les Moaïs, de leur immobilité et de leur hauteur, semble « veiller » sur l’endroit ! Certains trouvent qu’ils font penser au Bebebteshow , ce n’est pas tout à fait faux : c’est vrai qu’ils ont le front bien bas... Mais, malgré le temps, brumeux et pluvieux, nous trouvons cela infiniment plus gai que les Iles Marquises...Les visages sont moins fermés, l’alcool est moins présent, l’influence chilienne met des couleurs sur les maisons et sur les vêtements...Faut-il y voir un lien avec l’absence de perfusion économique comme celle que la Métropole donne aux Iles de Polynesie française. Nous pensons que oui, le sentiment d’être assisté, n’étant, selon nous, peu prédisposant au bonheur... Oui cela nous apparaît moins figé et moins dans l’attente et dans l’ennui que Nuku Hiva.

Nous nous sentons bien même si notre retour proche en France, qui signifie la fin du voyage, empêche nos sentiments d’être aussi heureux et « purement » joyeux que nous le souhaiterions...

On passe sur les deux nuits de transit à l’aéroport de Papeete où nous poursuivons notre étude comparative sur la qualité du dodo dans les aéroports... Papeete n’est pas sur le podium !

On quitte la Polynésie...

Avec trois jours à Papeete, passés de façon agréable, grâce à nos amis Marquisiens (encore Merci !) ... Dans les activités nous achetons des « cantines » (Un autre mythe...des grands voyageurs ! ) pour envoyer quelques babioles en France et être « légers » aux USA...une centaine de kilos quand même ! Nous disons au revoir aux amis Veccela qui ont gentiment hébergé notre adresse CNED ! Quelques temps passés au musée de la perle pour tenir compte de notre regret de n’avoir pas visité une seule ferme perlière...Avec la ville, nous retrouvons les tentations de la consommation... On retrouvera avec plaisir, Atonio, notre propriétaire aux Iles Marquises, venu à Papeete pour l’exposition annuelle des Arts marquisiens. Cela nous permettra de rentrer avec un masque en bois fabriqué par lui -Souvenir ! A l’aéroport, Hugo retrouve son copain d’école marquisienne, Jules, qui va passer les fêtes en métropole ! Ils joueront avec un crabe en promenade sur le sol carrelé de l’aéroport... Un autre mythe : les plages californiennes !

Dans cette partie des USA, à L.A. nous avons l’impression d’être en « vacances »...Et oui, plus tout à fait en Tour du Monde, le retour est trop proche ! Le pays trop urbanisé...Plus d « ’échoppes -trottoirs », du « goudron » partout, des voitures.., aucune vente d’insectes grillés, Donc, oui, l’impression dominante est celle de vacances,... Le soleil et la luminosité contribuent grandement à ce sentiment, et seul le froid « vivifiant.. ; » pourrait le contredire. Nous nous faisons avec grand plaisir une petite balade sur « The third street », cela nous fait tout drôle. C’est un peu comme dans une activité de week-end parisien...Les gens se « baguenaudent », font du lèche-vitrines, consomment...prennent des « pots »..Etrange ! Etrange ! Mais tout cela est comme le vélo, une fois qu’on a appris... Donc, on se glisse dans cet après-midi californienne sans aucun mal...Malheureusement nos tentations (surtout celles de Laurent) sont inversement proportionnelles à l’état des caisses... qui sont, elles aussi....sur la route du retour !!Nous goûtons notre premier vrai Hamburger ! Merci à Kevin, le fiancé américain d’Annabelle, notre amie marquisienne pour le conseil sur le choix de notre lieu de résidence à LA : Santa Monica et la suggestion d’aller au Getty Muséum... Mille Merci, car ce fut un très bon moment... Encore une fois, nous nous émerveillerons ensemble, tous les quatre !...Chouette ! Le musée est construit sur une colline, un peu à l’extérieur de la ville afin que les gens aient l’impression de quitter leur quotidien en y allant. Pour nous, il n’y a pas vraiment nécessité à « quitter notre quotidien » pour apprécier des œuvres d’art, mais nous apprécions le très agréable parcours dans LA...L’architecture du musée est géniale...Et la visite de celui-ci est un vrai plaisir. .. Nous trouvons intelligente la conception du lieu et particulièrement adaptée avec des enfants...On déjeune dehors...Un des bons souvenirs de ces trois jours : la journée promenade à vélo le long de la plage de Santa Monica Beach...Ambiance légère, joyeuse et « Glisse ... » : forte densité de Roller, surf, skates au mètre carré !... On découvre ensemble le Pier de Santa Monica, l’architecture de cette partie de la Californie, petites maisons genre archi, look dévastateur de certains de nos congénères...Et puis la plage à perte de vue. Nous nous offrons un déjeuner « branché » au célébrissime Side Walk Café. Un autre moment fort de ces jours californiens... : la Visite des Universal studios d’Hollywood...Quitte à jouer les touristes... Moitié promenade dans les vrais décors des Universal studios avec le coté pédagogique sur les effets spéciaux et moitié parc d’attractions... Nous aurons très peur (surtout Hugo et ..Véro !) mais nous rigolerons bien... ! Samedi 15 Décembre : Le Choc !

Nous sommes à New York !...Immeubles en briques rouges, froid, bruine, monde, hôtel glauque, tristesse... Cela sent drôlement la fin de l’aventure... Le premier jour, nous « errons » dans les rues de Big Apple, désorientés et maussades...

JPG - 22.7 ko

Mais le lendemain, soleil sur la ville, nous changeons d’hôtel, nous nous mettons à apprécier ce survol de NY ! Donc, on profite de notre promenade en ferry pour voir la Statue de la Liberté, belle vision de la skyline, déambulation au milieu des gratte-ciel.. mais à l’inverse de la journée précédente, nous y prenons du plaisir (Clin d’œil à Bouddha : il n’y a rien de constant dans ce monde, si ce n’est le changement...). ! Nous profiterons de ces jours new-yorkais pour faire une cure de musées...The Métropolitan et le MOMA...Et puis aussi le père Noël apporte des Baskets Rollers à nos enfants...La Patinoire nocturne, les écureuils de Central Park..Enfin, grand plaisir de la revoyure de Carlota, perdue de vue depuis, disons, une grande... vingtaine d’année. Bonne soirée passée dans son appartement typiquement New Yorkais avec sa famille et ses grands ados.. Plaisir !

Et le 18 Décembre : Vol New-York- Paris...

Sentiments mitigés...Mais, quelque part quand on s’en va, pas la peine d’éterniser les adieux... ; Alors autant prendre ce vol...A l’arrivée, malgré l’heure matinale, notre famille est à Roissy !

Et juste après ??

On se fait « familialement poupouner » et nous traversons plusieurs tourbillons dans les jours qui suivent ...Emotionnels tout d’abord avec les retrouvailles humaines,(Merci aux Lemon pour la soirée de retour !) mais aussi celles d’ordre...logistique et ré-installation dans notre maison d’abord, dans la vie professionnelle pour Laurent.. Nous arrivons aussi dans le classique cyclone des fêtes de fin d’année...Laurent ne reprenant pas son travail tout de suite, nous repartons... quasi immédiatement pour Catus... Ambiance doucereuse de l’hiver au coin du feu et en famille. Plaisir ! Cure de rattrapage de cinéma, de lecture de journaux....

Et encore après ??

Nous reprenons ici la « quatrième de couverture » du livre : Petit tour dans le vaste monde -de la famille Mercat, partie un an autour du monde, tellement nous sommes « en phase » avec leurs propos, tant sur le fond que sur la forme :

«  Quand tout va trop vite, Un peu de temps, Un temps pour prendre le temps De voir grandir ses enfants, Un temps pour s’aimer et partager. Quelques points de suspension Pour arrêter la course folle, Pour écouter et s’entendre, Pas une simple parenthèse. Des points d’exclamation Pour s’émerveiller de la beauté du monde Et de la richesse des hommes qui le peuplent,

Des points d’interrogation pour réfléchir, Découvrir et s’étonner

Des guillemets à ouvrir pour échanger. »

Ces phrases sont un bon résumé de notre année 2006, alors et après ???

A l’heure où nous écrivons cette lettre, deux mois après notre retour..., ce sont essentiellement les points d’interrogation qui symbolisent le mieux notre état d’esprit. Intéressant, vivant, pas forcement confortable ...mais on ne résiste pas à vous re-donner cette citation de Khalil Gibran tellement elle nous parait utile dans nos contrées et devoir solliciter de notre part une vigilance importante : « En vérité, le confort ruine la passion de l’âme et va en ricanant à son enterrement » alors nous acceptons bien volontiers, ces inconfortables points d’interrogation... Commençons par les plus simples à exposer : ceux d’ordre professionnel ou scolaire
-  Comment le retour dans la vie active de Laurent va-t-il se concrétiser ?
-  Ce voyage sera-t-il déterminant pour la tentative littéraire à laquelle Véronique a décidé de consacrer une bonne partie de son temps ?
-  Comment les enfants vont-ils intégrer ce périple dans leur vie scolaire, redevenue classique ?

Mais, au-delà, dans les domaines plus intimes, que restera t-il de ce tour du monde pour chacun de nous quatre ? «  Nous voyageons, non pas pour des nouvelles images mais pour de nouveaux yeux.. » Proust- Voyages, nouveaux yeux, nouveau regard ! Un classique ! Mais comment allons nos le décliner ??? Impossible de faire l’impasse sur ce point d’interrogation si important !

Quelle va être le changement lié à ce que nous avons vécu pendant le voyage mais aussi pendant sa préparation. Nous l’avons écrit, ce projet de vie a exacerbé et a joué un rôle de révélateur dans la qualité des relations que nous avons avec notre entourage et avec nous même bien sûr ! Des personnes sont apparues dans nos vies, certaines le resteront : Plaisir, infini plaisir...Des échanges mails nous ont rapproché d’autres personnes davantage que si nous étions restés à Paris ! Plaisir...

Au-delà, du regard que nous avons maintenant sur notre environnement, quel regard allons nous porter maintenant sur le monde qui nous entoure ? On le sent bien, déjà, le décryptage de l’information que nous recevons n’est pas le même...

Oui, ce voyage a changé la donne ! Et même si nous avons, pour l’instant, zone de turbulences oblige, perdu en « confort de vie »... loin de le regretter, nous disons : Si c’était à refaire, nous le referions !! Mille fois !